lundi 28 avril 2008

Propositions et hypothèses de recherche

22 February 2006 19:58

Fatma Choura a écrit le message suivant: ___________________________________________________________

Bonjour

Quelle est la différence entre hypothèse de recherche
et proposition de recherche?

Merci

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8 commentaires:

Mourad Touzani a dit…

23 February 2006 20:37
Karim Ben Yahia a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
Bonjour,
La différence entre hypothèses de recherche et propositions de recherche réside dans le fait que les hypothèses sont utilisées lorsque les relations entre les variables à tester existent et sont traitées empiriquement.
Les propositions de recherche sont utilisées lorsque les relations entre les variables existent logiquement mais n'ont pas été traitées empiriquement (pas d'études empiriques).On met donc proposition plutôt qu'hypothèse. _________________________________________________________

Mourad Touzani a dit…

24 February 2006 21:09
Fatma Choura a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
Merci Karim pour ta réponse,
Je suppose qu'on peut parler d'hypothèses quand les relations sont dégagées de la littérature et de propositions quand les résultats sont issus d'une recherche qualitative. Mais dans le cas où la relation est issue des deux, mais en plus grande partie de l'étude qualitative, on parle de quoi?
En d'autres termes, si la littérature ne se prononce pas sur le sens de la relation et que les résultats de l'étude qualitative le permettent.
J'espère que j'ai réussi à bien poser la question
Merci

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Mourad Touzani a dit…

25 February 2006 20:10
Karim Ben Yahia a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
De rien, Madame,
En fait s'il n'y a pas de soubassement théorique, on parle de proposition de recherche.
Donc à travers une étude exploratoire, on parlera de propositions de recherche, puisque nous n'avons pas de variables dégagées auparavant par la littérature qui seront à tester.
En d'autres termes, voici le résumé de ce que je viens de vous dire:
– Soubassement théorique et validation empirique = Hypothèses de recherche.
– Pas de soubassement théorique = étude qualitative = proposition de recherche.
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Mourad Touzani a dit…

25 February 2006 20:14
Mourad Touzani a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
C’est bien, Karim de vouloir simplifier les choses en les mettant en équation. Ta remarque est très juste et elle a une forte valeur pédagogique.
Toutefois, j’éprouve un certain malaise avec l’équation :
Pas de soubassement théorique = étude qualitative = proposition de recherche.
Mon problème vient, en fait, d’une constatation que j’ai faite en passant en revue bon nombre de recherches qualitatives faites dans le cadre de mémoires de Master à l'ISG. En fait, c’est la grande mode, tout le monde se met à faire des propositions de recherches ! (étude qualitative = proposition de recherche).
Malheureusement, j’y vois une déviation de la recherche qualitative. Celle-ci est la plupart du temps censée être de nature inductive et exploratoire. Kvale propose la métaphore du mineur pour illustrer la manière avec laquelle la connaissance peut être extraite :
« La connaissance est assimilée à un métal enfoui et l’intervieweur est un mineur qui déterre le précieux métal… La connaissance du sujet (informant) se trouve donc en son for intérieur et, pure et non contaminée, elle attend d’être découverte par le mineur » (Kvale, 1996).
Cette métaphore met l’accent sur le fait que l’informant doit, dans ce cas, éviter de projeter ses valeurs, ses opinions ou ses préjugés personnels lors de la recherche exploratoire. La formulation de propositions de recherche est donc loin d’être obligatoire, sinon déconseillée lorsqu’il s’agit d’explorer un champ de recherche nouveau.
Et dans la catégorie « à éviter absolument », il y a les hypothèses déguisées, du type « il y a une relation entre X et Y » et que le chercheur valide au moyen d’une recherche qualitative. Je m’énerve un peu, mais j’ai vu beaucoup de fausses recherches exploratoires, ces derniers temps !
Tout ce que je dis ne remet en aucun cas en cause ce qu’a dit Karim !

A bientôt
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Mourad Touzani a dit…

26 February 2006 20:27
Lamia Hechiche a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
Je trouve que Mourad a raison lorsqu'il dit que généralement dès qu'un chercheur fait du qualitatif, il a tendance à formuler des propositions. Si on revient à Amboise (1996, p 16), « à l’opposé de l’approche déductive, l’approche inductive va du particulier vers le général. Selon cette approche, le chercheur tente initialement de faire complètement abstraction de la théorie existante pour aborder le phénomène particulier qu’il a choisi d’étudier avec le moins d’idées préconçues possible. Une question générale de recherche peut être formulée, mais elle ne doit pas restreindre ou entraver la cueillette d’informations. Le chercheur recueille sur le terrain auprès des acteurs concernés des descriptions, impressions ou explications des évènements qu’ils vivent. De ces témoignages, il tente de dégager des schèmes communs d’interprétation qui expliqueraient certains comportements. C’est ainsi qu’éventuellement émergent du terrain les éléments d’une théorie quelquefois qualifiée de particulière. Cette théorie est susceptible d’acquérir une portée plus générale si le processus de recherche est poursuivi sur d’autres terrains et dépasse ainsi le cadre du phénomène particulier initialement étudié »
Cependant, la question que je me pose est la suivante : comment mener des entretiens sans guide d'entretien ? Et comment construire un guide d'entretien si on n'a pas formulé de propositions au préalable ? Notons que dans notre cas (en GRH), on a souvent un soubassement théorique. C'est d'ailleurs ce soubassement qui nous permet de formuler des propositions. Et lorsqu'on passe sur le terrain, on trouve toujours "des choses" très intéressantes… voire spécifiques à notre contexte. Mais, il n'empêche que la formulation des propositions nous a pas mal aidée !
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Mourad Touzani a dit…

26 February 2006 20:53
Hamida Skandrani a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
Bonjour tout le monde,
En fait on peut parler de propositions de recherche dans un cycle de recherche du type qualitatif. Mais recherche qualitative ne génère pas nécessairement des propositions de recherche, surtout lorsqu'on est au début de cycle. _________________________________________________________

Mourad Touzani a dit…

28 February 2006 20:01
Salim Moussa a écrit le message suivant: ___________________________________________________________
Bonjour à toutes et à tous.
Ce texte expose mon point de vue concernant le débat sur les propositions et hypothèses de recherche. Selon certains propos, j’ai dû comprendre que lorsqu’on parle de propositions on est dans le cadre d’une démarche qualitative et quand on parle d’hypothèses on est dans le cadre d’une démarche quantitative. Comme d’habitude, et pour vérifier l’exactitude de cette « étrange heuristique », j’ai fouiné dans mes articles et voici que voilà quelques exemples qui contredisent certains dits.
Exemple (1) :
Pour (a) évaluer l’impact isolé de chaque composante de l’attitude sur la perception et (b) examiner l’effet différentiel de ces composantes sur la perception à travers quatre produits représentant deux classes de motifs d’achat : hédonique et utilitaire, Grimm (2005, p.509), formule ces trois propositions de recherche comme ci-dessous :
P1: Each component of Ab makes a unique and significant contribution to explaining brand preference.
P2a: Products for which utilitarian motives dominate the choice process will exhibit a stronger relationship between attribute perceptions and preference than between affective responses or non-attribute-related cognitions and preference.
P2b: Products for which hedonic motives dominate the choice process will exhibit a stronger relationship between affective responses and non-attribute-related cognition and preference than between attribute perceptions and preference.
Pour soutenir (ou réfuter) ces propositions, Grimm (2005) a procédé par une modélisation en équations structurelles avec des analyses multi groupes.
Exemple (2):
P1: Brand equity exists in business-to-business markets in the form of buyers’ willingness to pay a price premium for their preferred brand.
P2: Benefits from brand-loyal industrial buyers include their willingness to recommend the brand to peers and to give special consideration to another product with the same brand name.
P3: Perceived quality is the primary
brand-equity-generating variable.
P4: The primary sources of information for building brand awareness are exhibitions and trade shows.
P5: Different groups of decision-making unit role players attach different levels of importance to brands and prefer different communication channels.
Sont les cinq propositions formulées par Bendixen et al. (2004, p.373) pour répondre à la question centrale de leur recherche : les fournisseurs de produits industriels, peuvent ils tirer un bénéfice des activités qui visent à construire une forte marque ?
Pour soutenir (ou réfuter) ces propositions, Bendixen et al. (2004, p.373) ont procédé par plan expérimental en ayant recourt, entre autres, à l’analyse conjointe ou encore à l’analyse MONANOVA (pour déterminer l’effet de chaque niveau des différents traits retenus : marques, prix, durée de livraison…etc.).
Moralité de l’histoire, une proposition est loin d’être un terme adapté à une démarche qualitative.
Donc, l’équation « Pas de soubassement théorique = étude qualitative = proposition de recherche. » est totalement erronée. A mon avis, une proposition serait plutôt un ensemble théoriquement cohérent d’hypothèses. Pour appuyer mon point de vue, je prendrais ici comme exemple une des propositions de Larceneux (2004) :
P1 : la qualité perçue est une variable médiatrice de l’impact du label Agriculture Biologique (AB) sur l’intention d’achat.
Cette proposition est en fait constituée de deux hypothèses H1 et H2:
H1 : le label AB a un effet sur la qualité perçue.
H2 : la qualité perçue a un effet sur l’intention d’achat.
J’attends vos commentaires. Merci et à bientôt !
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Mourad Touzani a dit…

01 May 2008 14:07
Afef Herelli a écrit le message suivant : ______________________________________________________
Bonjour,
Dans le cas où la revue de la littérature a permis d'aboutir à des conclusions qui n'ont été démontrées que théoriquement (pas de test empirique), parle-t-on de propositions de recherche ? Faut-il appuyer par une étude qualitative pour parler de proposition?
Je vous remercie
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